Il faut bien reconnaître que depuis la sortie d’Yves Cochet en 2009 à propos de l’empreinte écologique respective des enfants et des vols transatlantiques où il prônait sa fameuse « grève du troisième ventre », la peur néo-malthusienne de la croissance démographique n’a guère eu de succès sur Internet.
Malgré des recherches, sinon minutieuses, du moins soigneuses, je n’ai trouvé de significatif et de récent qu’un site sur le web.
Il est tenu par des gens qui cherchent à se donner un air de respectabilité raisonnable sous lequel perce néanmoins une idée fixe à résonance paranoïde.
Puisque cette peur de la démographie ne fait plus trop recette en ce moment*, détrônée, ce qui est bien compréhensible, par les appréhensions liées aux effets de la crise financière et économique qui abat le vieil Occident, le moment est peut-être venu de l’occire définitivement, bien que je n’y croie pas trop.
* La crise écologique n’existe pas, c’est un mensonge, au mieux un fantasme, mais je crois bien, qu’à 2,3 %, la « crisse écolochiste excisste pien, elle ! »
Cette peur est comme un serpent de mer et, un jour ou l’autre, elle sortira la tête de l’eau. Des visionnaires nous feront alors pour la énième fois l’effrayant portrait de Nessie.
Au 1er siècle avant J.-C. il y avait environ 250 millions d’habitants sur terre. En 1750, 750 millions. En 1800, 954 millions. En 1900, 1650 millions et en 2011, 7000 millions (sept milliards).
L’accroissement annuel de la population mondiale était donc
D’environ 1,1 pour mille dans les 1750 premières années de l’ère chrétienne.
De 4,8 pour mille entre1750 et 1800.
De 5,5 pour mille de 1800 à 1900.
Et de 13,1 pour mille de 1900 à aujourd’hui.
Ceci dénote une accélération de la croissance de la population. C’est ce qui suscite l’effroi des néomalthusiens.
Mais au-delà de cette tendance apparente il y a une réalité plus complexe, donc plus difficile à comprendre pour les esprits simplistes, qui s’appelle la transition démographique.
Depuis la fin du XVIIIe siècle la mortalité a baissé dans des proportions spectaculaires.
Au XVIIIe siècle, un enfant sur quatre décédait avant l’âge d’un an. Le taux de mortalité dans la première année était donc de 250 pour mille. Le taux de mortalité dans l'enfance et l'adolescence était à la même époque de 250 pour mille. Un nouveau né sur deux seulement vivait donc jusqu'à l'âge de pouvoir procréer.
Aujourd’hui, en France, la mortalité avant l'âge d'un an est de 4 pour mille. Le taux de mortalité dans l’enfance et l’adolescence est de 50 pour mille. 94,6 % des nouveaux nés vivent donc jusqu'à l'âge de pouvoir être parents.
Dans un premier temps, alors que les taux de mortalité des enfants et des jeunes diminuent, le taux de natalité hérité des comportements passés ne diminue pas. Le taux d’accroissement de la population est alors au plus haut.
Puis, à la longue, les familles se rendent compte qu’avec une procréation moins nombreuse elles obtiennent le même nombre de descendants. Les taux de fécondité et de natalité diminuent alors. C’est ainsi que le taux de natalité dans le monde qui était de 37,2 pour mille en 1950 n’était plus que de 20,3 pour mille en 2005.
L’accroissement de la population se ralentit, passant, dans le monde, de 20,2 pour mille par an entre 1965 et 1970 à 11,8 pour mille par an entre 2005 et 2010.
Ce phénomène est ce qu’on appelle la transition démographique.
Transition démographique
Première phase
Baisse de la mortalité infantile et juvénile et maintien d’une natalité élevée : taux d’accroissement de la population plus rapide que jamais.
Deuxième phase
Baisse de la natalité : retour du taux d’accroissement de la population à des niveaux antérieurs voire plus faibles.
La transition démographique ne se passe pas en même temps dans tous les pays, cela dépend du moment où se manifestent les progrès de l’alimentation, de l’hygiène et de la médecine, qui déclenchent le processus.
D'autre part, la vitesse avec laquelle apparaît la deuxième phase dépend notamment du niveau d’éducation de la population, particulièrement des femmes.
Aujourd’hui, la grande majorité des zones du globe sont entrées dans la deuxième phase de la transition démographique, et les quelques pays qui restent en retard ne manqueront pas d’y arriver bientôt.
C’est pourquoi les prévisions actuelles tablent sur un plafond de 9 milliards d’habitants en 2050, suivi d'une stabilisation. Le problème majeur sera alors d’arriver à faire face au vieillissement de la population, lequel fera peser sur les actifs le poids croissant de l’entretien des plus âgés.
J’ai trouvé les chiffres illustrant le phénomène de la transition démographique dans l’excellent livre du grand scientifique et éminent cancérologue, Maurice Tubiana, intitulé « Arrêtons d’avoir peur », dont je recommande chaudement la lecture.
Deux chapitres ont été pour moi particulièrement instructifs : celui concernant les bénéfices et les risques des rayonnements ionisants (ces rayonnements étant couramment utilisés en cancérologie sont un sujet dont le professeur Tubiana est familier) et celui rapportant les conditions, sous le règne de Chirac 1er, de l’élaboration et de l’adoption du principe de précaution tel qu’il est maintenant inscrit dans notre Constitution.
Pour en savoir plus
Maurice Tubiana, Arrêtons d'avoir peur, Ed. Michel Lafon
Lire aussi
L'explosion démographique, une peur vieille comme l'humanité
Les écologistes n'aiment pas l'humanité
À la faute morale, les écologistes ajoutent la faute intellectuelle