Il y a une obsession chez beaucoup d’écologistes : la démographie.
C’était le cas de pères fondateurs tels Julian Huxley, Aurelio Peccei, le commandant Cousteau, René Dumont - pour les défunts les plus connus - mais aussi d'autres encore bien en vie, comme James Lovelock, le Prince Philip, duc d'Édimbourg, Hubert Reeves, et pour un des plus jeunes d’entre eux, soixante cinq ans déjà, quand même, l’honorable parlementaire Yves Cochet.
Il n’y a pas que des vieux plus ou moins cacochymes qui redoutent une jeunesse trop nombreuse.
Il y en a qui se sont constitués en secte, dont certains sont même venus protester véhémentement contre un ou deux articles de mon blog. Je pense ici à la secte Démographie responsable qui, ignorant la transition démographique et son universalité, se livre à une propagande antinataliste.
Le fondateur de la crainte moderne de l’expansion démographique de l’humanité est sans conteste le vieux pasteur anglican Malthus, dont la première édition de l’Essai sur le principe de population date de 1798.
Mais cette crainte est bien plus ancienne. Elle est déjà présente dans un mythe mésopotamien, dont la première version écrite remonte à 1700 ans avant notre ère et dont les versions orales sont certainement bien antérieures.
Selon ce récit, les dieux régnaient sur un univers dont s'occupaient des dieux inférieurs, les Igigi. Ces derniers se révoltèrent contre leurs conditions de travail et cherchèrent à détrôner le dieu suprême.
Un des conseillers de celui-ci, Ea, lui suggéra de créer des remplaçants aux Igigi. Ce sera les hommes, qui seront mortels.
Mais, les hommes se reproduisaient trop vite. Ils se multipliaient et se disputaient, et les bruits de leurs disputes étant devenus insupportables aux dieux, ils décidèrent de les éliminer. Ni les épidémies ni les sécheresses ne vinrent à bout de l’humanité.
Alors, les dieux décidèrent de provoquer le déluge. Ea, pris de pitié pour un homme nommé Atrahasis, lui commanda de construire un bateau et de s'y réfugier, avec les siens et des animaux.
La terre entière fut engloutie sous les eaux, seul surnageait le bateau d'Atrahasis, dont les passagers survécurent au déluge.
Le dieu suprême était furieux que des hommes aient survécu. Son conseiller Ea lui expliqua alors que les hommes étaient nécessaires à la Terre, et qu'il fallait seulement en limiter le nombre. C'est pour cela que, depuis lors, certaines femmes sont stériles et que la mort fauche beaucoup d’enfants et nombres d’hommes et de femmes avant l’âge.
C'est ainsi, qu’il y a plusieurs millénaires, ce mythe a tenté d'expliquer le mystère de la vie et de la mort et l’origine des maux de l’humanité.
1700 ans avant J.-C, ce mythe exprime la crainte de la démographie « galopante ». Les malthusiens contemporains se rendent-ils compte qu’ils ne font que perpétuer une angoisse qui remonte à la nuit des temps et qui est certainement moins justifiée aujourd’hui que du temps d’Atrahasis ?
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