Dans un précédent article, on a vu que les normes européennes pour le bien-être des poules pondeuses vont coûter un milliard d’Euros à l’économie française (combien à l’économie européenne ?)
Une autre question est de savoir si ces normes sont vraiment favorables au bien-être des poules !
D’abord, qu’est-ce que le bien-être des poules ?
Il peut s’envisager sous différents aspects : la souffrance physique, la santé, le stress, la possibilité d’exprimer des comportements instinctuels.
Sur ce dernier point, chez la poule, il s’agit de comportements tels que l’usage de nid, de perchoir, de bains de poussière, le grattage et le picotage.
Dans les souffrances, outre celles provoquées par l’homme, les prédateurs ou les conditions matérielles d’élevage, on peut compter celles infligées par des congénères, telles que le picage et le cannibalisme. Le picage consiste à donner des coups de bec au plumage des autres volailles et à en arracher les plumes, ce qui peut entraîner des blessures. Le picage peut évoluer jusqu'au cannibalisme.
À la demande de la Commission européenne, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a émis un avis.
L’Institut national de la recherche agronomique (Inra), pour sa part, a publié un document de synthèse sur cette question. Ces deux documents convergent.
En résumé, que nous disent-ils ?
Ils distinguent trois grands types de systèmes
Les cages conventionnelles, autrement dit celles que les amis des animaux combattent et qui sont désormais proscrites par la réglementation européenne.
Les cages dites aménagées, comportant perchoir, nid, système permettant le raccourcissement des griffes, mangeoire dont la longueur ne doit pas être inférieure à certains seuils, accès à deux abreuvoirs minimum… Ces cages peuvent être classées selon la superficie par poule.
Les systèmes dits alternatifs : élevage au sol ou en volière, avec ou sans parcours en plein air.
Comparés aux cages conventionnelles, les cages aménagées et les systèmes alternatifs présentent :
Des avantages en ce qui concerne les comportements d’utilisation de nid, d’utilisation de perchoir, de bain de poussière, de grattage et de picotage, de liberté de déplacement et de vol.
Des inconvénients en ce qui concerne le picage et le cannibalisme, la stabilité de la hiérarchie, presque tous les aspects relatifs à la santé des animaux, la mortalité.
Dans le système des cages aménagées, les cages les plus petites sont souvent les plus avantageuses.
Des inconvénients pour tous les critères relatifs à l’hygiène alimentaire.
Des désavantages pour tout ce qui concerne le travail des éleveurs et la productivité des différents facteurs, donc le prix des œufs.
En écartant les critères qui concernent exclusivement les humains − hygiène alimentaire et productivité, qui devraient pourtant être les premiers à être pris en considération − on voit néanmoins que l’intérêt réel des poules est plus compliqué que l’image anthropomorphique et simpliste que s'en font les amis des animaux.
Si vous étiez une poule, préféreriez-vous pouvoir prendre des bains de poussières mais vous faire déchiqueter plus souvent, éventuellement jusqu'à la mort, par les coups de becs de vos congénères ou l’inverse ? Bien malin qui peut se mettre dans la peau d’une poule et répondre à une telle question !
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