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14 octobre 2009 3 14 /10 /octobre /2009 22:28

 

En 2007, Antoine Compagnon, professeur au Collège de France, écrivait à propos de l’ouvrage de Roland Barthes, Mythologies : « Relisant aujourd’hui ces vignettes avec un peu de nostalgie pour un temps qui n’est plus – en cinquante ans, presque tout a changé –, on en vient à oublier presque la thèse qui servait de prétexte à leur réunion, puisqu’il s’agissait de dénoncer l’aliénation du peuple par l’idéologie. »


 


Si Antoine Compagnon ne se trompe pas et si Roland Barthes revenait parmi nous pour mettre à jour ses Mythologies, alors il ne pourrait faire autrement que d’ajouter l’agriculture biologique à la liste de ses mythes. Encore que ce sont plus les classes moyennes que le peuple que ce mythe aliène !

 



Les partisans de l’agriculture biologique prétendent qu’elle est la seule façon de produire qui respecte l’environnement, ce qui est fort contestable, mais c'est ce qu'ils ont réussi à faire croire à l'opinion publique. Il faut donc pouvoir prétendre que ce mode de production est généralisable. Sinon on aurait le choix entre, d’un côté, une population mondiale correctement nourrie et une planète polluée ou, de l’autre, une planète respectée et une population mondiale malnutrie. Une telle alternative ferait un peu désordre.


 

En 2007 le directeur général de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Jacques Diouf a dû aller jusqu’à se fendre d’un communiqué pour démentir la rumeur selon laquelle la FAO estimait possible de nourrir toute la planète avec l’agriculture biologique.



Comme toutes les rumeurs, celle-ci a un point de départ erroné, voire malhonnête, que saisissent ensuite les idéologues pour conforter leurs thèses auprès du public et qu’ils font circuler à qui mieux-mieux. En l’occurrence, il s’agissait d’un communiqué dont l’en-tête de la FAO avait été usurpé. Jacques Diouf a donc été conduit à déclarer :
« Ce document n’émane pas de la FAO ».


 

Les statistiques des rendements des cultures « bio » sont rares. L’établissement public français chargé de la gestion des marchés agricole, FranceAgriMer, publie une évaluation des rendements de quatre cultures en mode de production biologique. La dernière publication concerne la récolte de l’année 2008.


Pour trois de ces productions il est possible de comparer ces rendements à ceux des cultures conventionnelles, évalués par l’Institut techniques des grandes cultures Arvalis.

      

 

Rendements en quintaux/hectare (récolte 2008)

 

Tous modes de production - France

 

Mode de production agriculture bio - France

 

 

%

Blé tendre

73

31,4

43%

Orges

69

29,3

42%

Maïs

95

66,3

70%

 

 



Comment penser pouvoir nourrir la population mondiale en diminuant de 30 à 60 % les rendements agricoles ?

 





La meilleure preuve du contraire est que l’Asie est sortie des famines récurrentes par ce qu’on appelle la révolution verte, laquelle s'est traduite, à partir du début des années soixante, par une augmentation substantielle des rendements agricoles, en mettant en œuvre des moyens qui n’ont rien à voir avec les méthodes de l’agriculture biologique.

 



Norman Borlaug, agronome américain, est décédé à Dallas le 12 septembre dernier. Ses découvertes ont valu à Norman Borlaug le surnom de « père » de la Révolution verte et le prix Nobel de la paix en 1970. C'est en grande partie grâce à ses travaux que des pays comme le Mexique ou l'Inde sont devenus autosuffisants dans la production de céréales.

 




Norman Borlaug est un des bienfaiteurs de l’humanité, qu’il convient de mettre au rang des plus grands tels que Louis Pasteur ou Alexander Fleming, l’inventeur de la pénicilline.



Il est pourtant devenu la cible des critiques des écologistes, dont les plus virulentes viennent des malthusiens, ce qui est bien compréhensible. L’application sur le terrain des résultats des travaux scientifiques de Norman Borlaug sont venus contredire de plein fouet les prédictions de Malthus.

 

Je reviendrai ultérieurement sur d’autres idées fausses que mettent en avant les partisans de l’agriculture biologique. Pour le moment :

 

C’est tout pour aujourd’hui !


Bibliographie


Agriculture bio : les origines d'une rumeur

Communiqué du 10 décembre 2007 de Jacques Diouf directeur général de la FAO

Évaluation rendements bio FranceAgriMer

Évaluation des rendements des céréales par Arvalis

Évaluation du rendement du maïs par Arvalis


Norman Borlaug est mort

Un écolo-malthusien parle de Norman Borlaug

 

 

 

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commentaires

E
Bonjour,<br /> Des réponses à vos critiques sont abondamment détaillées dans le livre de Jacques Caplat "L'agriculture biologique pour nourrir l'humanité" aux éditions Actes Sud - Domaine du possible.<br /> Cordialement
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A
Et bien ils mourrait de faim d'abord. sinon ils s'empoisonnaient de façon bio avec des e-coli, des datura, du LSD (ergot de seigle), avait des carences alimentaires quand ils ne mouraient pas...<br /> comme le bio aujourd'hui...<br /> <br /> quand aux phytosanitaires, ils avalent dans le corps des fruits et légumes des fongicides, des insecticides, absolument natures et conçu par les plantes selon les même formules que les chimist ont<br /> trouvé ensuite... bon c'était bien moins dangereux que les bactéries, les carences, et les famines.<br /> <br /> si vous faite l'analyse d'un fruit bio, vous observerez une explosion de ces phytosanitaires naturels, au point que les récolteur de celeri bio en sont malades (furocoumarines dont psoralènes,<br /> mutagènes cancérigène, mais bio).
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L
Bonjour,<br /> <br /> Pourriez vous me dire comment l'humanité se nourrissait jusqu'à la révolution verte à base de produits chimiques cancérigènes et issus des energies fossiles? Il semble qu'elle ait traversé des<br /> milliers d'année sans encombres, sans avoir besoin de monsanto.<br /> <br /> Le probleme avec les gens comme vous, c'est qu'ils empietent sur les libertés des autres. Que vous mangiez des OGM, pourquoi pas, grand bien vous en fasse de vous soumettre à la dominance de firmes<br /> agro industrielles qui s'approprient le vivant à coup de brevet. Si vous êtes heureux d'être soumis et de perdre vos libertés, tant mieux pour vous. Mais qui du respect de ceux qui ne veulent pas<br /> être contraints de faire comme vous?<br /> <br /> Les rendements sont ceux que nous fourni la nature. Le pétrole a permis de faire des engrais qui ont doublé les rendements (avec plein de conséquences néfastes sur les millieux et les hommes). Je<br /> vous propose qu'on en reparle quand le prix du pétrole aura doublé ou triplé... les agriculteurs bio auront des sols fertiles, les autres des sols stériles.<br /> <br /> Un autre point qui est connu de tous les agriculteurs bio, le rendement s'effondre les premieres années suite à un conversion. Ensuite ils remonte à mesure que l'écosysteme se reconstruit.<br /> <br /> On ne vous impose pas nos produits Bio, n'en mangez pas, mais ne venez pas pourrir les notres avec vos pollens ogms et vos pesticides néfastes. On ne nuit pas à vos libertés, respectez les notres.<br /> Merci.
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L
<br /> <br /> Avant la révolution verte, dans les pays riches l'humanité mangeait mal et cher, dans les pays les plus pauvres les grandes famines étaient récurrentes.<br /> <br /> <br /> <br />
A
Bonjour,<br /> certe, l'agriculture biologique a un rendement bien moindre par rapport à celui de l'agriculture qui utilise des produits chimiques, c'est difficilement contestable. En revanche, si je suis<br /> inffluencée par les propos des écolos, je pense qui vous l'êtes par celui de mosanto et autres équivalents. Vous parlez de 30% de rendement en moins, je vous répond : 50 % des productions est<br /> gaspillée entre le champs et l'assiette. Pour moi, le problème est donc surtout un problème de gestion et pas un problème de production. Polluer la planète n'est pas une bonne solution à mon sens<br /> car c'est une solution à très court terme dont on ne peu réellement évaluer les conséquences sur la génération prochaine et celles qui suivent, notament en eau. L'agiculture de masse utilise bien<br /> souvent de l'eau en abondance, toute cette eau est définitivement perdue. L'eau manque déjà dans de nombreux endroits du monde et faire pousser de l'eau pour toute la planète, c'est un peu plus<br /> compliqué que faire pousser des tomates, même en hiver!<br /> cordialement
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P
Pour l'instant j'ai pas envie d'avoir une religion sur cette matière car j'ai l'impression que, dès lors qu'on en a une, on filtre les infos selon qu'elle vont dans son sens ou pas. Mais évidemment<br /> à un moment donné, à force de se documenter et de réfléchir, on peut finir par acquérir une conviction dans un sens ou bien dans l'autre. Pour l'instant je cherche à m'informer sur ce sujet:<br /> l'agriculture biologique peut ou pourra-t-elle suffire à nourrir tous les gens. En tous cas on ne peut pas ne pas se poser cette question car si on opte à grande échelle pour l'agriculture<br /> biologique sans s'être assuré auparavant que ça tient la route cela serait un peu suicidaire.
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