Il y a des moments où je me demande si, pour l’image de l’agriculture, il ne vaudrait pas mieux supprimer le Salon de l’agriculture, compte tenu de l'occasion qu'il présente de diffuser un nombre incalculable de calomnies à l'encontre de ce secteur d'activité, pourtant plus honorable que bien d'autres.
Je crois bien qu’il n’y a eu que lundi soir, au Téléphone sonne, qu’on n’a pas entendu trop de bêtises et qu’on a abordé les vrais problèmes de l’agriculture : comment nourrir demain le monde ? On était en tout cas bien loin des rêves « bio » et des cauchemars anti-productivistes des bonobos dénoncés par Iegor Gran.
Il y a eu beaucoup de réactions contre la campagne de France Nature Environnement. Il me semble qu’elles se sont toutes limitées à l'accuser de dénigrement.
Les professions de la production, de l’industrie et du commerce du porc ont intenté une action en référé pour la faire interdire, au nom de la stigmatisation des élevages de porcs. Ils ont été déboutés par le tribunal.
La régie publicitaire de la RATP a néanmoins jugé plus prudent de ne pas placarder deux affiches dont une sur les algues vertes, parce qu'elle vise une profession bien identifiée, celle des éleveurs de porcs. L'affiche a aussi été jugée violente et agressive avec la mise en scène d'un enfant.
Le président du Conseil régional de Bretagne a annoncé qu’il portait plainte pour atteinte à l’image de la Bretagne, relayant ainsi les inquiétudes des professionnels du tourisme breton.
Dans une tribune publiée dans Libération le Ministre de l’agriculture reproche seulement, certes vertement, à France Nature Environnement de « se livrer à des raccourcis inacceptables ».
Au salon de l’agriculture Nicolas Sarkozy a déclaré : « Les agriculteurs n'ont pas à être insultés ». Et aussi, une des choses les plus intelligentes à propos de cette campagne : « Répondez en étant sérieux, avec des arguments. »
Mais enfin, quand on a réveillé le diable avec le Grenelle de l’environnement, lequel a été l’occasion de flatter toutes les bassesses intellectuelles et morales de l’idéologie écologiste, faut-il s’étonner de ce renvoi d’ascenseur ?
Quels sont les arguments de la FNSEA ? En gros : c’est excessif, ce sont des anathèmes qui ne tiennent pas compte de tous les efforts entrepris depuis de longues années par la profession.
Personnellement je regrette qu’aucune de ces réactions n’ait mis en cause la véracité des affirmations de France Nature Environnement.
Les algues vertes : les nitrates issus de l’agriculture et de l’élevage sont-ils vraiment la cause de la prolifération des algues vertes ? Ne serait-ce pas plutôt les phosphates, dont l’origine est essentiellement domestique et industrielle ?
Les OGM : partout dans le monde les procédures d’autorisation de culture et de mise en marché des OGM sont bien plus sévères que celles en vigueur pour n’importe quelle variété obtenue par les voies « traditionnelles » de la sélection végétale. En 2010, plus de quinze millions d'agriculteurs dans vingt-neuf pays ont planté des OGM sur 148 millions d'hectares. Des millions de consommateurs de par le monde consomment des OGM depuis des dizaines d’années. S’il y avait vraiment des problèmes de sécurité sanitaire, ça ce saurait. Alors, quand, en plus, il s’agit de consommer seulement de la viande d’animaux nourris avec des OGM, cela est de la pure imposture.
Les pesticides : les scientifiques de par le vaste monde nous disent que le syndrome d’effondrement des colonies d’abeille et les mortalités massives constatées depuis quelques années ne sont pas dues aux nouveaux pesticides qu’accuse un des cinq syndicats français d’apiculteurs, celui qui regroupe surtout des amateurs qui, malgré cet amateurisme, ou peut-être plutôt grâce à lui, a su développer une communication dans l’air du temps.
À part ici-même, où a-t-on pu lire que la campagne de France Nature Environnement reposait sur trois mythes qui ne sont, en vérité, que des mensonges fabriqués pour la cause de l'idéologie écologiste ?
Le « politiquement correct » eût exigé que je disse « contrevérité » plutôt que « mensonge », mais voilà, je ne suis pas « politiquement correct ». Je crois au progrès et suis donc un affreux réactionnaire, une espèce de vieux con en voie de disparition. Mais je n’ai pas encore disparu. Il faudra qu’on me supporte encore le temps que Dieu voudra bien !
Je ne compte que sur lui, parce que si j'attends que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) mette les vieux cons réactionnaires qui croient encore au progrès sur sa liste des espèces en voie de disparition et à sauvegarder, je serai enterré depuis longtemps !