Richard Lindzen est titulaire de la chaire de météorologie au prestigieux Massachuchetts Institute of Technology (MIT). Il est membre de l’académie nationale des sciences, titulaire d'un grand nombre de prix et de récompenses académiques. Ses recherches portent sur les grandes questions de la climatologie actuelle auxquelles il a apporté une contribution majeure dans plusieurs domaines.
Initialement membre du Groupe Intergouvernemental pour l’Étude du Climat (GIEC en français, IPCC en anglais) il en a démissionné avec fracas en 2001, après la publication du troisième rapport.
En effet il considéra alors que les comptes-rendus de cet organisme ne reflétaient plus la réalité des connaissances scientifiques, au moins pour sa partie, à savoir la validité des modèles océan-atmosphère (tiens, c’est marrant, il n’a fallu que huit ans de plus à Mojib Latif pour arriver à une conclusion peu éloignée !)
Océan-atmosphère : Martinique
Pour un colloque qui s’est tenu à San Marin du 29 au 31 août 2008, Richard Lindzen a écrit un texte intitulé Science du Climat : Est-elle, de nos jours, apte à répondre aux questions ? J’en donne ici un résumé.
Ce texte aborde les origines des changements observés depuis les années soixante-dix dans les pratiques de la recherche scientifique.
Jusque là, le fondement du financement de l’activité scientifique aux États-Unis était le sentiment de gratitude de la société envers la science pour les problèmes qu’elle résout et les progrès qu’elle apporte. Au lendemain de la guerre, les contributions majeures de la science à l’effort de guerre, à la santé et à d’autres problèmes importants apparaissaient évidentes et suscitaient la gratitude.
Alexander Flemming
Au tournant de cette décennie s’y est substitué le sentiment de peur : peur de l’Union Soviétique, peur du cancer, peurs liées à la santé, peur du manque de compétitivité, peur de l’épuisement des ressources et de la dégradation de l’environnement, etc.
Concernant la motivation des scientifiques, il y a un monde entre la perception que la gratitude est le fondement du soutien apporté à la science et celle que c’est la peur. Si l’on pense que c’est la gratitude, il est évident que l’on réagira en travaillant à renouveler la gratitude, donc à résoudre les problèmes. Entretenir la peur pour continuer à être soutenu, en revanche, milite contre la résolution des problèmes.
Cette époque fut aussi caractérisée par l’accroissement massif des budgets et des structures gestionnaires, qui dépossédèrent les scientifiques du contrôle de la science. Désormais le pouvoir politique détermine largement la nature de l’activité scientifique.
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Les techniques pour obtenir le politiquement correct en science sont abordées en quatre chapitres. Elles sont illustrées de nombreux exemples.
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Les efforts concertés pour politiser les sciences du climat
Les organisations, qu’il s’agisse de laboratoires de recherche, des académies des sciences, des agences et départements publics et même des universités, sont dirigées par des conseils exécutifs très réduits, voire par une personne unique. Cela facilite grandement l’influence que peut exercer une poignée de personnes, qui ne sont souvent pas même scientifiques, et qui prétendent parler au nom d’organisations regroupant des milliers de chercheurs.
Une autre forme d’infiltration consiste simplement à obtenir un ou deux sièges au sein du conseil ou d’un groupe d’experts d’une organisation. Cela suffit pour pouvoir mettre un veto à toute déclaration ou décision à laquelle on s’oppose. À la longue, cela permet d’en obtenir qui vont dans le sens que l’on souhaite.
De nombreux exemples d’infiltration par des militants de l’écologisme sont donnés par Richard Lindzen.
L’influence des mouvements écologistes a aussi appuyé la théorie du réchauffement climatique en l’introduisant comme exigence pour l’attribution des nombreux prix et récompenses destinés aux scientifiques.
La Science au service de la politique
On modifie les données qui ne vont pas
dans le bons sens. Les modifications sont quelquefois criantes, mais, le plus souvent, elles sont un peu plus subtiles. Les données géophysiques sont très incertaines et constamment mises à jour. On n’en retient que les mises à jour qui vont dans le sens souhaité, c’est-à-dire celui qui conduit les données à être en accord avec les modèles.
La fameuse courbe en crosse de hockey de Mann
Que des corrections aient besoin d’être appliquées aux données climatiques est parfaitement normal, mais que ces corrections aillent toujours dans le même sens est hautement improbable. Richard Lindzen illustre cette façon de faire par sept exemples.
Les pressions pour bâillonner les investigations et la résolution des problèmes
Un simple désaccord avec les conclusions du GIEC est devenu une raison courante pour refuser la publication d’un article dans les journaux professionnels.
Dans d’autres cas on demande à l’auteur d’inclure un commentaire hors-sujet mais venant à l’appui de la croyance acceptée sur le réchauffement global. Par la suite on prétend que ce commentaire est le point important de l’article.
Alors que l’habitude veut que lorsqu’une revue estime qu’un article appelle des objections, elle demande à un autre auteur de les rédiger, elle soumet ces objections à l’auteur de l’article, qui y répond, le tout étant publié simultanément, dans le cas d’un article non conforme au réchauffement climatique, on publie les objections dans le numéro suivant, puis la réponse de l’auteur quelques numéros plus tard.
Ultérieurement, quand on citera la controverse, on citera l’article et les objections mais on « oubliera » la réponse faite par l’auteur.
Conclusion : Les dangers pour la science et la société
En ce qui concerne les dangers spécifiques se rapportant à la question du réchauffement climatique, les projets de changements, d’origine politique, visant à « atténuer les changements climatiques » demandent d’énormes sacrifices quant au bien-être mondial.
Bateau de misère
Le mécanisme actuel de soutien de la science est celui où la résolution d'un problème scientifique est récompensée en mettant fin aux financements. Cela n’encourage guère la solution de problèmes ou la recherche de réelles réponses, ni n’encourage à tester sérieusement différentes hypothèses.
Pour sortir de cette situation il faut que la société accorde une certaine confiance, il lui faut de la patience, et accepter un élitisme qui ne semble guère en harmonie avec les attitudes contemporaines.
Il peut, toutefois, être possible de réaliser un premier pas significatif en commençant par réduire, avec précaution, les financements de la science. De nombreux scientifiques seraient disposés à accepter un plus faible niveau de financement en échange d'une plus grande liberté et d’une plus grande stabilité.
Mon commentaire
Si nous vient à l’esprit la métaphore que dans les sciences climatiques les blasphémateurs sont crucifiés sur le Golgotha de la pensée unique, alors la résurrection et l’ascension ne sauraient tarder.
Bellini, Résurrection
Le Pérugin, Ascension
Bibliographie
Le texte de Richard Lindzen : Version originale, en anglais , Traduction en français
Curriculum Vitae (impressionnant !) et publications de Richard Lindzen
On écoutera avec intérêt l'émission Du grain à moudre de Brice Couturier et Julie Clarini du lundi 19 octobre 2009 La science est –elle pervertie par l’obsession de l’évaluation ?
Articles précédents
Réchauffement climatique : une conférence de Vincent Courtillot (brève)
Réchauffement climatique : les certitudes du GIEC se fissurent
CO2 Un mythe planétaire ou L'inanité de la taxe carbone (note de lecture)
Mille fois répété un mensonge n'en devient pas une vérité
Du danger des modèles en sciences
Climatologie politiquement incorrecte